Dans l’univers de l’impression textile et du marquage industriel, une technique règne encore en maître : la sérigraphie. Ce procédé consiste à transférer de l’encre sur un support plat – qu’il s’agisse de tissu, papier, bois, verre, ou même de panneaux plastiques – à l’aide d’un pochoir fixé sur un écran de maille tendue. Grâce à une émulsion photosensible exposée à la lumière, puis traversée par une racle, on imprime le motif souhaité avec une extrême précision.
Cette méthode d’impression est utilisée depuis des siècles, de l’art graphique jusqu’à la sérigraphie industrielle automatisée. Elle convient parfaitement aux tirages en série, offrant une qualité de rendu exceptionnelle, une durabilité remarquable, et une grande polyvalence sur divers matériaux : du polyester au papier texturé, du sweat personnalisé aux affiches grand format.
Que vous soyez entreprise, atelier, ou créateur indépendant, comprendre comment fonctionne la sérigraphie, c’est faire le bon choix technologique pour personnaliser, produire et valoriser vos visuels. Ce guide vous dévoile tout : histoire, principe, avantages, exemples d’application… et les différences clés avec l’impression numérique ou la tampographie.
I. Comprendre la sérigraphie : une définition simple pour un procédé complexe
La sérigraphie, bien plus qu’une impression à travers un écran
Il suffit d’observer un t-shirt personnalisé, une affiche graphique, ou encore une signalétique sur panneau rigide pour constater que la sérigraphie est partout. Pourtant, derrière ce mot d’apparence technique se cache une méthode d’impression à la fois ancestrale, polyvalente et toujours aussi moderne, utilisée autant dans les ateliers d’artistes que sur les chaînes de production industrielle.
La sérigraphie, aussi appelée screen printing en anglais, consiste à transférer une encre sur un support plat – qu’il s’agisse de tissu, de papier, de verre, de bois, de plastique, ou même de panneaux métalliques – en utilisant un pochoir. Ce pochoir, fixé à un écran (un cadre tendu d’une maille fine), laisse passer l’encre uniquement dans les zones souhaitées du motif. Ainsi, ce procédé permet d’imprimer des visuels nets, denses, souvent très colorés, et surtout, extrêmement durables.
Si cette technique peut paraître simple à première vue, elle repose en réalité sur un processus rigoureux, où chaque étape de préparation – de l’émulsion photosensible jusqu’au séchage final – influe directement sur la qualité du résultat obtenu.
Ce qui distingue profondément la sérigraphie des autres techniques d’impression, c’est sa capacité à s’adapter à presque tous les matériaux, tout en offrant un rendu opaque, vif et très net, même sur des surfaces sombres ou texturées. Une performance que bien peu de méthodes, même numériques, peuvent revendiquer avec autant d’assurance.
Un savoir-faire traditionnel toujours d’actualité
Née de la rencontre entre la soie asiatique et les techniques d’imprimerie occidentale, la sérigraphie tire son nom du latin sericum (soie) et du grec graphein (écrire). À l’origine, le tissu utilisé pour tendre l’écran était précisément de la soie, ce qui conférait à cette méthode une précision inédite pour l’époque.
Aujourd’hui encore, on parle de typon, d’émulsion, de racle, autant de mots qui appartiennent à un vocabulaire de métier, un champ lexical riche qui témoigne du savoir-faire manuel et de la transmission artisanale toujours vivace dans ce domaine. Car même à l’ère de l’impression numérique, la sérigraphie conserve une valeur émotionnelle forte : elle évoque la main qui travaille, le geste précis, le design qui prend forme lentement, couche après couche, jusqu’à révéler un dessin unique, parfois métallique, parfois translucide, toujours singulier.
Dans certains ateliers, on applique encore l’encre à la main, en tirant la racle sur le cadre tendu, avec patience, en suivant chaque zone du typon pour personnaliser le support selon les désirs du créateur ou du client. Ce travail manuel confère à chaque tirage une authenticité que les grandes séries automatisées peinent à reproduire. Et c’est là que réside tout le paradoxe de la sérigraphie : à la fois technique industrielle d’une grande rentabilité, et outil artistique d’une profonde sensibilité.
II. D’où vient la sérigraphie ? Retour sur les origines d’une technique ancestrale
Une histoire qui commence bien avant l’industrie
Bien avant que la sérigraphie ne s’invite dans les ateliers textiles modernes, avant même qu’elle ne soit utilisée pour personnaliser des vêtements ou imprimer des logos sur du polyester, elle est née dans un contexte bien différent, presque sacré. L’histoire remonte à plus de mille ans. En Chine, on utilisait déjà des pochoirs découpés dans du papier pour appliquer de l’encre sur du tissu ou du papier de riz, dans un souci d’illustration et de décoration.
Mais c’est au Japon que le procédé s’affine. La technique du katazome, proche de la sérigraphie, utilisait des pochoirs en papier huilé et une pâte colorante pour teindre les kimonos. Cette méthode, très graphique, préfigurait le principe même de la sérigraphie : appliquer la couleur zone par zone, en fonction du motif souhaité. La soie, déjà présente, servait à tendre les premiers écrans, d’où le terme sérigraphie naîtra plus tard.
Ce n’est que bien plus tard, au XXe siècle, que la technique traverse les continents. En Europe comme aux États-Unis, les artisans redécouvrent cette méthode d’impression manuelle et commencent à la perfectionner avec des matériaux plus résistants, une maille plus fine, des cadres en bois ou en métal, et des émulsions photosensibles capables de réagir à la lumière pour fixer le motif sur l’écran sérigraphique.
De l’atelier d’artiste aux chaînes de production
L’histoire de la sérigraphie moderne est indissociable de celle de l’art du XXe siècle. Dans les années 1960, un artiste américain va transformer cette technique artisanale en outil de contestation et de culture de masse : Andy Warhol. Avec ses célèbres portraits de Marilyn, ses séries colorées de bouteilles de Coca-Cola ou de boîtes de soupe Campbell, Warhol fait entrer la sérigraphie dans les musées, tout en la mettant au service d’une répétition industrielle volontaire. Chaque image est créée à la main, mais pensée comme un produit reproductible : c’est toute l’ambiguïté du procédé.
La technique d’impression devient alors un moyen de réinterroger la société de consommation, tout en soulignant l’étrange beauté des images mécaniques, répétées, exposées, séduisantes par leur imperfection même. Les couches d’encre, posées une à une sur le papier, créent parfois des décalages, des bavures, des nuances inattendues. Ces « erreurs » deviennent des marques de fabrique. La main n’a pas disparu, elle résiste, elle s’exprime encore.
À partir des années 1980, la sérigraphie quitte les galeries pour envahir l’industrie. Dans le domaine du textile, elle devient l’une des techniques de marquage les plus utilisées au monde. Pourquoi ? Parce qu’elle offre un rendu opaque, intense, durable, capable de résister aux lavages répétés, et surtout parce qu’elle permet de produire en série à moindre coût, une fois les écrans préparés.
Des T-shirts promotionnels aux sweats personnalisés, des sacs en toile aux vêtements de travail floqués, la sérigraphie s’impose comme un outil de communication visuelle, utilisé autant par les entreprises que par les créateurs indépendants.
Un héritage toujours vivant, entre tradition et innovation
Aujourd’hui, les ateliers de sérigraphie continuent de mêler les gestes anciens et les technologies récentes. Le typon, autrefois découpé à la main, est désormais imprimé en haute définition, la lumière UV est utilisée pour insoler l’écran, les machines automatiques remplacent parfois les mains humaines pour accélérer le processus, surtout lorsque le tirage devient important.
Mais l’essence de la technique reste la même. Elle fonctionne toujours selon ce principe simple : une couche d’encre, poussée à travers une maille tendue, qui épouse les formes d’un motif pour s’ancrer dans le support. Une méthode simple en apparence, mais qui demande une préparation minutieuse, un choix de matériaux adapté, et une vraie compréhension des étapes du processus.
La sérigraphie est donc une technique vivante, connue et utilisée dans une grande variété de domaines : mode, affichage, signalétique, design graphique, art contemporain, industrie publicitaire. Elle traverse les époques, s’adapte aux besoins, et continue d’inspirer ceux qui souhaitent créer une image forte, qu’elle soit destinée à être exposée ou portée.
III. Comment fonctionne la sérigraphie ? Le processus étape par étape
La précision d’un geste, la rigueur d’un procédé
Si l’on se contente d’observer un t-shirt imprimé ou une affiche colorée, on pourrait croire que la sérigraphie est un simple transfert d’image. Mais ce serait oublier que derrière chaque motif se cache une série d’étapes minutieuses, où chaque couche d’encre, chaque temps d’exposition, chaque tension de maille a son importance. C’est un processus à la fois mécanique et artistique, où la préparation fait toute la différence entre un résultat amateur et une impression professionnelle.
Voici comment fonctionne cette technique, étape par étape, qu’on travaille en manuel dans un atelier ou via une machine automatique sur une ligne de production.
3.1 Le matériel indispensable pour débuter
Avant même de penser à imprimer, il faut préparer soigneusement le matériel. Une session de sérigraphie ne s’improvise pas.
- Un cadre ou écran, généralement en aluminium ou en bois, sur lequel est tendue une maille textile (souvent en polyester)
- Une émulsion photosensible appliquée en couche fine sur l’écran
- Un typon, c’est-à-dire le visuel en noir opaque sur fond transparent, qui sert de pochoir négatif
- Une source de lumière (souvent UV) pour insoler l’émulsion
- Une racle, l’outil qui va pousser l’encre à travers l’écran
- Une ou plusieurs encres adaptées au support : textile, papier, verre, bois…
- Une surface de travail plane, un support à imprimer bien positionné
- Un système de séchage (air libre, tunnel chauffant, presse)
Chaque élément a son importance. Une maille trop fine ne laissera pas passer assez d’encre. Une émulsion mal étalée entraînera des bavures. Une racle trop rigide dégradera le motif. La sérigraphie, c’est un équilibre subtil, une maîtrise du geste, une compréhension intime de la matière et du support.
3.2 Étape 1 : Préparer l’écran
3.2.1 Nettoyer et dégraisser le cadre
Avant d’appliquer quoi que ce soit, le cadre doit être parfaitement propre. On élimine toute trace de poussière, de graisse ou de résidu d’encre avec des produits spécifiques, car la moindre impureté peut compromettre l’adhérence de l’émulsion.
3.2.2 Appliquer l’émulsion photosensible
À l’aide d’une cuvette d’enduction, on applique une fine couche d’émulsion photosensible sur les deux faces de l’écran. Cette émulsion est sensible à la lumière UV : elle va durcir aux endroits où elle est exposée, et rester soluble là où elle est protégée par le typon.
Il faut ensuite laisser sécher l’écran dans l’obscurité, à l’abri de la lumière, souvent dans une pièce ventilée et tempérée. Ce temps de séchage est crucial : trop court, l’émulsion bavera ; trop long, elle craquera.
3.3 Étape 2 : Insoler le motif
Lorsque l’écran est sec, on vient y positionner le typon – une impression noire sur film transparent, représentant le design à reproduire. Ce dessin opaque va bloquer la lumière, tandis que le reste de l’écran sera exposé.
On insère l’ensemble sous une source lumineuse (lampe UV, insolation sous vide, insoleuse à plat…), puis on déclenche le processus d’insolation. La lumière traverse l’écran, durcit l’émulsion dans les zones claires, mais laisse les zones masquées par le typon intactes.
Après quelques dizaines de secondes à quelques minutes, on retire le typon, puis on rince l’écran à l’eau sous pression. Les zones non exposées se dissolvent, laissant apparaître le pochoir à travers lequel l’encre pourra passer.
À ce stade, l’écran sérigraphique est prêt à imprimer.
3.4 Étape 3 : Imprimer le visuel
On positionne l’écran sur le support : cela peut être un textile (T-shirt, tote bag, sweat), une feuille de papier, une plaque de bois ou tout autre matériau plat.
L’encre, plus ou moins fluide selon l’effet désiré (opaque, métallique, spécial, à base d’eau…), est déposée sur l’écran. À l’aide d’une racle, on la pousse fermement pour qu’elle traverse les zones ouvertes du pochoir et s’applique sur le support.
Ce geste peut être effectué à la main, dans les ateliers d’artisan, ou de façon automatique dans des machines rotatives ou à plat, pour des séries industrielles.
Chaque couleur nécessite un écran différent. Pour un visuel en 3 couleurs, il faudra donc trois écrans, trois typons, trois passages d’encre, parfaitement enregistrés pour éviter les décalages.
3.5 Étape 4 : Séchage et fixation
Une fois l’impression réalisée, il faut sécher l’encre pour la fixer. Selon le type d’encre utilisé, le séchage peut être :
- À l’air libre, pour des petites quantités ou des encres à eau
- Au tunnel de chauffe, pour les encres plastisol ou les grandes séries
- À la presse chauffante, pour une finition rapide et résistante
Cette étape garantit la durabilité du motif, sa résistance au lavage dans le cas d’un vêtement, ou sa tenue dans le temps sur des panneaux rigides.
Certains effets spéciaux, comme les encres gonflantes, les couleurs métalliques ou les textures brillantes, nécessitent un traitement thermique spécifique ou une épaisseur d’impression contrôlée. Là encore, la maîtrise technique fait toute la différence.
3.6 Sérigraphie manuelle ou automatique : deux approches, un même principe
Il existe autant de façons de pratiquer la sérigraphie qu’il existe d’ateliers. Certains artisans travaillent encore entièrement à la main, dans un esprit proche de la gravure ou de la linogravure. D’autres ont investi dans des machines automatiques capables d’imprimer plusieurs centaines de pièces par heure, avec une précision millimétrique.
Mais le principe reste identique : un pochoir, une couche d’encre, une pression contrôlée, un support stable. C’est cette base commune, cette logique simple mais exigeante, qui rend la sérigraphie si intemporelle et adaptable à tous les domaines : textile, publicité, beaux-arts, design, industrie.
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Séparation des couleurs du visuel en calques disctincts.
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Création des écrans (pochoirs) à partir des calques : un écran par couleur.
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Application de chaque couleur en utilisant l'écran comme un pochoir. La teinte est "raclée" pour passer à travers les fibres de l'écran aux zones à imprimer
IV. Les supports compatibles et les applications concrètes
Une technique à l’aise sur presque tous les matériaux
Si la sérigraphie reste aujourd’hui incontournable dans l’impression textile, ce n’est pas uniquement pour son rendu de qualité ou sa durabilité. C’est aussi parce qu’elle peut s’appliquer à une variété impressionnante de supports, du plus souple au plus rigide, du plus absorbant au plus lisse. Cette polyvalence en fait une méthode d’impression unique, capable de s’adapter à des besoins très différents, dans des domaines variés : mode, publicité, signalétique, design graphique, industrie, beaux-arts.
Dans chaque cas, la technique sérigraphique s’ajuste. Elle change d’encre, de maille, de pression ou de cadence, mais elle fonctionne toujours selon le même principe : transférer une encre à travers un écran, dans les zones définies par le motif, pour obtenir une impression nette et durable.
4.1 Le textile, terrain de jeu privilégié de la sérigraphie
C’est sur les vêtements que la sérigraphie s’est le plus démocratisée. T-shirts, sweats, tote bags, hoodies, casquettes personnalisées, vestes ou sacs de sport : tout textile pouvant rester stable sur une surface plane peut être imprimé en sérigraphie.
Pourquoi ce succès dans le domaine textile ? Parce que cette technique de marquage permet d’obtenir un rendu puissant, même sur des tissus sombres ou colorés, avec une opacité inégalée, une grande précision du dessin, et une excellente tenue dans le temps. Contrairement à l’impression numérique, qui peut s’estomper ou craqueler au fil des lavages, la sérigraphie textile assure un rendu durable, résistant au temps comme à l’usage.
L’encre s’imprègne au cœur de la fibre, sans l’étouffer. Sur un t-shirt en coton, un sweat en polyester ou un sac en toile de jute, le résultat est net, stable, agréable au toucher, et surtout personnalisable à l’infini.
Les entreprises l’ont bien compris : pour leurs produits dérivés, leurs vêtements corporate ou leurs objets promotionnels, la sérigraphie textile reste un choix stratégique. Elle valorise le logo, le rend visible, contrasté, élégant.
4.2 Papier, carton, bois, verre, métal : les autres terrains de création
La sérigraphie n’est pas l’apanage du textile. Elle s’exprime aussi sur des surfaces rigides, souvent dans des formats plus artistiques ou techniques.
- Sur papier ou carton, elle est très prisée pour les affiches, les illustrations graphiques, les livres d’artiste, les packagings de luxe ou les étiquettes à finition mate ou brillante. Les encres y révèlent des teintes denses, parfois brillantes ou métalliques, souvent plus expressives qu’en offset ou en numérique.
- Sur le bois, elle permet de personnaliser des panneaux, des planches décoratives, voire des meubles plats. L’encre peut y créer des effets de matière, des zones de transparence ou d’opacité selon la granulométrie du support.
- Sur le verre ou le métal, on utilise des encres spéciales, souvent solvantes ou résistantes à la chaleur, pour imprimer directement sur des objets : flacons, bouteilles, panneaux industriels, signalétique extérieure, cadrans techniques…
Chaque matériau impose ses contraintes. Il faut parfois adapter la maille, choisir une encre plus fluide ou plus visqueuse, sécher différemment, ou fixer la couleur par cuisson. Mais dans tous les cas, la sérigraphie permet un rendu visuel fort, qui se distingue par son épaisseur, son brillant, ou au contraire sa texture mate.
4.3 Sérigraphie technique et industrielle : de l’illustration au marquage fonctionnel
On oublie souvent que la sérigraphie est aussi un outil industriel, utilisé pour créer des composants techniques dans des secteurs aussi variés que l’automobile, l’électronique, le médical ou la signalétique professionnelle.
Dans l’industrie, on utilise la sérigraphie pour imprimer des circuits électriques (grâce à des encres conductrices), des panneaux de commande sur des films plastiques, ou des interfaces utilisateur sur claviers souples. Ici, l’enjeu n’est pas esthétique mais fonctionnel. Il faut précision, résistance, standardisation. Et la sérigraphie industrielle, avec ses écrans calibrés et ses encres techniques, répond parfaitement à ces critères.
On la retrouve également dans l’impression de panneaux de sécurité, de signalétique urbaine, de plaques professionnelles ou de supports publicitaires sur plastique, métal, verre ou composite. Autant d’applications où la tenue dans le temps, la lisibilité et la résistance aux UV sont déterminantes.
4.4 Une technique toujours choisie pour ses atouts visuels
Qu’on imprime sur tissu, papier, bois, métal ou plastique, la sérigraphie est choisie pour deux raisons majeures : son rendu et sa fiabilité.
Elle permet d’appliquer une couche d’encre plus épaisse qu’avec d’autres procédés, ce qui donne un rendu plus intense, plus tactile, souvent plus impactant visuellement. Le design ressort mieux. Les couleurs claquent. Le logo est plus lisible. Le message est immédiatement identifiable, et c’est précisément ce qu’on recherche dans une stratégie de marquage efficace.
Ajoutons à cela que la sérigraphie est rentable dès qu’on imprime en série, facile à reproduire avec constance, et extrêmement durable, même sur des matériaux exposés à la lumière ou à l’humidité.
Dans un monde où l’on cherche à personnaliser sans perdre en qualité, où le visuel doit frapper tout en restant sobre et lisible, la sérigraphie reste une solution cohérente, technique et créative à la fois.
V. Les avantages et les inconvénients de la sérigraphie
Une technique puissante, quand on sait l’utiliser
Si la sérigraphie est toujours autant utilisée, dans des domaines aussi variés que le textile, l’impression artistique, le design produit ou l’industrie graphique, ce n’est pas un hasard. Elle repose sur une technologie simple mais efficace, une logique de transfert maîtrisée, et surtout une promesse visuelle forte : celle d’un rendu dense, durable, qualitatif. Pourtant, comme toute méthode d’impression, elle n’est pas exempte de contraintes, de limites techniques, ou de choix stratégiques à anticiper selon les besoins du client ou du projet.
La sérigraphie n’est ni meilleure ni inférieure aux autres procédés, elle convient à certaines applications et moins à d’autres. C’est ce qui fait sa richesse, mais aussi ce qui exige de la connaître en profondeur pour l’utiliser intelligemment.
5.1 Les forces de la sérigraphie : impact, durabilité, polyvalence
Ce qui frappe d’abord, c’est la qualité visuelle du rendu final. En sérigraphie, l’encre ne flotte pas à la surface du support, elle s’imprègne en profondeur dans la maille du tissu, ou vient épouser parfaitement la texture du papier ou du bois. Elle peut être épaisse, mate, brillante, opaque sur un fond sombre, transparente sur un fond clair, ou même métallisée, fluorescente, gonflante, selon les encres utilisées. La richesse d’effets possibles est l’un des grands atouts de cette technique.
Mais ce n’est pas tout. L’autre force de la sérigraphie, c’est sa résistance dans le temps. Sur un vêtement, le visuel imprimé tient au lavage, résiste au frottement, ne craquelle pas aussi vite que certaines impressions numériques. Sur une surface rigide, il ne s’estompe pas aux UV, il supporte la chaleur, l’humidité, l’usage quotidien. C’est ce qui fait de la sérigraphie une alliée de la durabilité, dans un monde où l’obsolescence visuelle est devenue une norme.
Enfin, il faut parler de la rentabilité. Si le coût initial de préparation peut sembler élevé (notamment la création des typons et la préparation des écrans), la production en série devient extrêmement économique dès que le tirage augmente. Pour une marque, un festival, une entreprise qui souhaite personnaliser 200 ou 2 000 pièces, la sérigraphie reste souvent le choix le plus compétitif, en rapport qualité-prix.
5.2 Les limites : calage, couleurs, complexité
Mais la sérigraphie ne convient pas à tous les projets. Et c’est souvent lorsqu’on la choisit sans en comprendre les limites qu’on s’expose aux déceptions.
La première difficulté, c’est le travail de calage. Chaque couleur nécessite un écran différent, ce qui suppose une préparation minutieuse, une parfaite superposition, et parfois des heures de travail pour un motif multicolore complexe. Si le visuel comporte des dégradés, des ombres fines, des textures photographiques, la sérigraphie atteint ses limites : elle n’est pas faite pour reproduire la complexité d’une photo, sauf à employer des techniques avancées comme la quadrichromie sérigraphique, plus coûteuse et plus longue à maîtriser.
Autre frein possible : la personnalisation unitaire. La sérigraphie est pensée pour la série, pas pour l’exemplaire unique. Si vous souhaitez imprimer 50 T-shirts différents, chacun avec un prénom ou un design personnalisé, la sérigraphie devient rapidement inadaptée. Mieux vaut alors se tourner vers des techniques de transfert thermique, de DTG (Direct to Garment) ou d’impression numérique textile.
Enfin, il faut anticiper le temps de préparation. Là où une impression numérique peut être lancée en quelques minutes, une impression sérigraphique demande du temps : nettoyage des écrans, séchage de l’émulsion, insolation, positionnement du support, séchage des encres… Ce n’est pas une méthode faite pour les urgences de dernière minute. Elle exige de prévoir, de préparer, de respecter chaque étape. C’est une technologie de la patience, non de la précipitation.
5.3 L’exigence d’un savoir-faire
Derrière la racle qui pousse l’encre à travers le pochoir, il y a un geste, une pratique, une culture technique. Ce n’est pas une machine qui imprime seule, c’est un sérigraphe qui maîtrise son outil, qui sait doser la pression, adapter la viscosité de l’encre, surveiller la température de séchage, corriger une maille trop tendue ou pas assez. Même en environnement automatisé, cette expertise reste nécessaire.
Et c’est peut-être là, finalement, que réside la véritable force de la sérigraphie : elle conjugue la précision d’une technologie et la sensibilité d’un métier, elle crée un lien entre l’intelligence de la main et la recherche d’un rendu parfait, elle offre à chaque image imprimée une présence, une densité, une matérialité que les procédés purement numériques ont parfois oubliée.
La sérigraphie, une technique intemporelle au croisement de l’art et de l’industrie
À une époque où l’impression est devenue instantanée, où les images naissent en un clic sur nos écrans, la sérigraphie continue d’imposer son rythme, son épaisseur, sa matière. Ce n’est pas une impression comme une autre : c’est une rencontre entre un procédé mécanique et un geste manuel, entre la précision technique et la sensibilité créative.
En traversant les siècles, en s’adaptant aux supports les plus divers – du papier au polyester, du verre au textile, du bois aux panneaux industriels – elle a su rester pertinente, fiable, polyvalente. Elle offre à chaque visuel une intensité que peu de techniques savent égaler, en combinant rendu net, couleurs franches, durabilité éprouvée et coût maîtrisé sur les grandes séries.
Mais choisir la sérigraphie, c’est aussi faire le choix d’un engagement dans le processus. C’est accepter le temps de préparation, la rigueur du calage, l’exigence de chaque étape, pour obtenir un résultat sur-mesure, pensé, ancré. C’est comprendre que derrière un t-shirt personnalisé ou une affiche sérigraphiée, il y a une main, une machine, un savoir-faire, et parfois une histoire à raconter.
Que vous soyez entreprise, créateur textile, artiste, ou simplement curieux de comprendre comment fonctionne cette technique unique, vous avez désormais les clés pour mieux appréhender ce monde à part. La sérigraphie, à la fois ancienne et moderne, industrielle et artisanale, standardisée et profondément humaine, n’a pas fini d’imprimer sa trace dans notre quotidien.